| Rencontres EIST 2009 (Enseignement intégré de science et technologie au collège)Organisé par : |
L’interdisciplinarité a fondé la science moderne, fécondé la science au cours de l’histoire et agite encore la science qui se fait. Les disciplines donnent lieu à la nécessité de l’interdisciplinarité et l’interdisciplinarité a besoin des disciplines pour fonder sa crédibilité scientifique. Prenant appui sur ces constatations, l’EIST a débuté en 2006, accompagnée par l’Académie des sciences et l’Académie des technologies.
Pour la quatrième année consécutive, des chercheurs et des enseignants des collèges français ayant expérimenté cet enseignement scientifique et technologique rénové dans le sillage de La main à la pâte se sont retrouvés à Paris au cours de deux fructueuses journées de bilan. Regards sur les actions menées et perspectives pour les actions futures ont été enrichis par trois conférences scientifiques diffusées par l’ENS, qui ouvrent de nouveaux chemins vers une approche intégrée, centrée sur l’investigation, le développement de l’esprit scientifique et la communication.
Ressources en ligne
- Renversement du temps, ondes, médecine et innovation (le 13 mai 2009) — Mathias Fink
Peut-on faire revivre à une onde sa vie passée ? La mise au point de véritables "miroirs à retournement temporel", dans le domaine des ultrasons et des ondes électromagnétiques, a permis de tester expérimentalement le renversement du temps ondulatoire dans les milieux de propagation les plus variés. Ces miroirs permettent de focaliser une onde à travers un milieu hétérogène et de la renvoyer "à l’envers" vers sa source initiale.
Cet instrument n’apporte pas seulement un éclairage nouveau sur le problème de l’irréversibilité du temps en physique, il a d’ores et déjà de nombreuses applications : thérapie, imagerie médicale, télécommunications, sismologie, domotique, acoustique sous-marine.
- Le changement climatique (le 13 mai 2009) — Jean Jouzel
Depuis quelques siècles, les activités humaines modifient de façon sensible la composition de l’atmosphère : l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) est largement responsable de l’augmentation de la concentration en gaz carbonique depuis le début de l’ère industrielle (augmentation de 35 % depuis 1850) et, sur cette même période, les concentrations en méthane ont plus que doublé. Bien qu’il s’agisse là de constituants mineurs de l’atmosphère, de tels changements sont susceptibles de modifier notre climat car ils conduisent à une augmentation de l’effet de serre atmosphérique.
Notre communauté scientifique est désormais convaincue que le réchauffement observé au cours des dernières décennies est lié à cette modification. Elle affirme qu’à défaut de mesures efficaces visant à maîtriser les émissions de ces gaz à effet de serre, le réchauffement lié aux activités humaines va s’accentuer d’ici la fin du siècle et au-delà. Quelles sont les certitudes des scientifiques dans ce domaine du réchauffement climatique ? Quelles incertitudes subsistent ? En quoi l’étude du climat passé est-elle pertinente vis à vis de son évolution future ? Quels seront les impacts du réchauffement climatique lié à l’action de l’homme ? Quelles mesures peuvent être envisagées ? Comment s’organise le dialogue entre cette communauté scientifique et les décideurs politiques ? Ces différents points seront abordés à la fois à travers les travaux auxquels j’ai été associé, les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), et les discussions en cours sur le plan national (Grenelle de l’environnement) et international (Conférence de Copenhague).
- Petites histoires de science (le 14 mai 2009) — Paul Caro
(Conférence modérée par Virginie Gohin)
Depuis son apparition au début du XVIIe siècle, la science moderne a pénétré la société grâce aux récits que ses découvertes permettent aux romanciers, aux littérateurs et quelquefois aux savants eux-mêmes de construire pour le divertissement du public. Romances, science-fiction, merveilleux fantastique, films, bandes dessinées, mangas, etc. empruntent aujourd’hui beaucoup d’éléments de scénarios et de décors au monde scientifique et technique. Par exemple, les séries télévisées du matin destinées aux enfants décrivent des univers dans lesquels la science et la technique (souvent fantaisistes) sont utilisées par les bons comme par les méchants, associant ainsi le savoir à un certain pouvoir violent. Le savant "fou", et "dangereux", est un personnage littéraire depuis Frankenstein (1817).
Les récits de science ne sont pas différents des autres productions de la littérature. Articles de journaux ou de revues hebdomadaires, émissions de radio, racontent une histoire. Celle-ci est construite sur des principes qui sont très proches de ceux qui se rencontrent dans les contes merveilleux du folklore. Les procédés littéraires utilisés font appel à des ressorts dramatiques qui comportent des personnages humains (au premier rang le savant lui-même, bien sûr), animaux (mammifères, marins ou loups), ou inanimés (bons comme les vitamines ou mauvais comme la dioxine). Le récit se situe dans un décor (le désert est très utilisé). Les circonstances sont souvent exceptionnelles : catastrophes, cataclysmes, etc. La mise en scène des catastrophes à venir engendre évidemment l’émotion, voire la peur (même si, souvent, les arguments scientifiques avancés sont, en fait, peu convaincants). Les monstres (comme les dinosaures) sont largement utilisés et la crème de la vulgarisation scientifique est évidemment le récit de création, la description des origines de l’Univers (terrain de prédilection des astronomes) ou celles de l’humanité (les préhistoriens). Pour raconter ces histoires, le "voyage de Gulliver" à travers le passé, l’infiniment grand ou l’infiniment petit est un "truc" classique qui s’accommode bien de l’image.
Ces récits sont reçus par le public avec plaisir, d’autant plus que beaucoup d’articles de "vulgarisation" sont écrits par des journalistes de talent qui font passer la connaissance à travers l’intérêt d’une histoire. Les sources d’information pour la rédaction de ces histoires se trouvent dans l’immense corpus de la littérature scientifique et technique, l’ensemble des revues professionnelles des chercheurs. En fait, ce sont surtout deux revues hebdomadaires pluridisciplinaires anglo-saxonnes "Science" (USA) et "Nature" (UK) qui sont utilisées par les journalistes. On montre deux exemples de sources possibles : l’un pour l’histoire de la découverte des restes d’un serpent géant en Colombie, l’autre sur le rôle de bombardements d’astéroïdes pour sortir la Terre de son état gelé initial.
Si les enseignants pouvaient utiliser la littérature scientifique où s’exprime la science contemporaine pour construire de petites histoires de science à l’attention de leurs élèves, ceux-ci pourraient prendre plaisir à ces récits.